« Je suis médecin otorhino-laryngologue depuis 1983. Au départ, quand j’ai fait mes études de médecine, je voulais être gynécologue. J’avais pratiquement terminé ma formation, puis j’ai fait un dernier stage en ORL. J’ai opéré des cous. Et j’ai trouvé ça passionnant ! J’ai demandé à changer de spécialité, ce qui était relativement simple à l’époque, et je me suis finalement spécialisé en ORL, avec une sur-spécialisation en chirurgie de la tête et du cou. Par extension, en travaillant autour des problèmes concernant le cou (glande thyroïde, jugulaire, fonction du cou), je me suis intéressé aux troubles de la voix et de la déglutition, et j’ai pu acquérir une très bonne expertise dans ce domaine.
La discipline a énormément changé depuis mes années de formation, surtout au niveau des techniques employées aujourd’hui pour opérer. Au départ, on n’opérait que par voie externe (on ouvrait le cou, on opérait et on refermait). C’était lourd pour le patient, et plus compliqué pour les chirurgiens (manque de précision et visibilité paradoxalement moins grande). Dans les années 80, les allemands ont commencé à utiliser au maximum la voie transbuccale, développant ainsi la chirurgie endoscopique du larynx. C’est l’une des très grandes avancées de la discipline : avec l’endoscopie, non seulement le patient récupère beaucoup plus vite ses capacités de déglutition, mais c’est aussi beaucoup de temps de gagné en salle d’opération.
C’est aussi l’époque où a démarré la chirurgie au laser, au départ très critiquée, mais qui s’est beaucoup perfectionnée au fil du temps et qui a, aujourd’hui, de nombreux adeptes (un tiers des laryngologues utilisent cette technique). J’opère au laser depuis des années, je trouve cette technique beaucoup plus précise que les instruments « froids » (scalpels et instruments externes). La prochaine évolution, c’est d’améliorer la visualisation, la possibilité de voir tous les angles de nos interventions. C’est dans cette direction que se développe actuellement la chirurgie robotique, qui, pour moi, est l’avenir de notre discipline. Dans quelques années, je suis convaincu que c’est un robot qui nous permettra d’amener très exactement nos instruments d’intervention et notre caméra microscopique où nous le voulons, à l’endroit précis où nous devons intervenir.
Nous avons, avec le département d’othorhinolaryngologie, développé nos contacts européens et internationaux. Je suis moi-même membre fondateur de deux sociétés de laryngologie et dans le cadre de l’une de cette société, un de nos collègues a reçu des financements européens pour mettre en réseau plusieurs hôpitaux et transmettre en direct, des opérations chirurgicales. Nous avons ainsi pu, à deux reprises, partager avec de nombreux collègues européens, les images en direct de nos interventions! Nous avons aussi mis en place un cours annuel, au Luxembourg, de chirurgie endoscopique et robotique, avec des participants venus du monde entier.
D’autres projets sont en route : en 2018, comme je deviens président de la Société Française de Phoniatrie (premier président non français !), le congrès sera organisé à Luxembourg, avec une journée et demie de débats, conférences et ateliers sur la voix. En 2019, il est prévu d’organiser en Belgique, le congrès de la confédération européenne ORL, lieu de rencontre pour les membres de toutes les sociétés scientifiques européennes d’ORL et pour les entreprises spécialisées dans ce domaine. Notre discipline est très dynamique, et le CHL a tous les moyens pour être un bel acteur sur cette scène ».